Facebook vient de lancer en Europe l’Online Civil Courage Initiative afin de lutter contre les discours racistes et xénophobes. Au delà d’un but louable, faut-il y voire une nouvelle forme de censure? Par Loïc Delacour.
La problématique touche tous les médias en ligne. Sur des sujets d’actualité sensibles comme la crise migratoire ou les attentats, les propos racistes fleurissent dans les commentaires des articles. Facebook est en première ligne. Critiqué en Allemagne pour des lacunes dans la modération des publications sur sa plateforme, l’entreprise américaine a réagit ce mois en lançant l’Online Civil Courage Initiative (OCCI).
Trois buts sont poursuivis: fournir plus d’un million d’euros aux ONG européennes actives dans la lutte contre l’extrémisme en ligne, développer de meilleures pratiques et collaborer lors de recherches universitaires. L’OCCI encourage également les membres de Facebook à partager des histoires ou des idées pour contrer les discours extrémistes sur internet.
En décembre dernier, Facebook, Google et Twitter avait déjà donné leur accord en Allemagne pour effacer les discours haineux dans les 24 heures suivant l’envoi d’une notification. Cela faisait suite à l’ouverture d’une investigation, par des procureurs de Hambourg, contre un manager de Facebook après la non suppression de propos racistes sur la plateforme.
Dans le cadre de l’OCCI, le réseau social s’est allié avec l’éditeur allemand Bertelsmann qui s’occupera de scanner et modérer les propos litigieux. Or certain y voit une nouvelle forme de censure globale. Bannir certains points de vue sur un site aussi populaire pourrait non seulement être contreproductif, mais cela pose la question du contrôle des opinions par une entreprise ou par un état. Qui décide de ce que l’on peut dire et quels sont les propos tolérés? Des questions qui paraissent légitimes.
Critiqué à la fois par les défenseurs de la liberté d’expression et par les personnes luttant contre le racisme et la xénophobie, Facebook cristallise une nouvelle fois les tensions.
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