Par Jean-Luc Martin-Lagardette – Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA), a adressé le 15 février 2015 36 mises en garde et mises en demeure aux principaux médias audiovisuels français pour des « manquements graves » lors de la couverture des attentats de Paris, du 7 au 9 janvier dernier.
Les médias en question ont surréagi à ces avertissements. Trois jours plus tard, quatorze titres ont répliqué dans une lettre commune au CSA, intitulée « L’information menacée ». Ils y annoncent réfléchir à l’idée de porter leur contestation devant le Conseil d’Etat.
C’est la première fois que l’organe de régulation du système audiovisuel français se prononce de façon aussi large, par le nombre de médias atteints, et aussi ferme. Si les mises en garde et en demeure assénées ne représentent que des sanctions d’image, si elles sont donc seulement symboliques, elles peuvent constituer un premier pas vers des sanctions futures, si les faits étaient répétés (amendes ou suspension temporaire ou définitive d’émission).
Les médias français sont en général assez allergiques à la critique publique de leur activité. Ils n’aiment pas être publiquement montrés du doigt, bien qu’ils ne se gênent pas eux-mêmes de « dénoncer » leurs concitoyens à la une (cf. l’affaire SwissLeaks).
Leurs protestations sont excessives, car il faudra bien un jour, comme cela se fait partout ailleurs dans les démocraties, qu’ils acceptent ce questionnement formel sur leurs choix rédactionnels et qu’ils reconnaissent leurs dérives.
Là où, en revanche, leur récrimination se justifie, c’est quand ils écrivent : « Comment peut-on imaginer que le CSA veuille en 2015, renforcer encore le contrôle sur les médias audiovisuels français régulés quand l’information circule sans contrainte dans la presse écrite, sur les chaînes étrangères, tous les réseaux sociaux et les sites internet. N’est-ce pas nous placer dans une situation d’inégalité devant la loi ? »
Mais, plutôt que de protester contre cette régulation à eux seuls imposée, ils devraient vouloir qu’elle soit étendue à tous les médias d’information, quel que soit leur mode de diffusion. Et qu’elle ne soit plus le fait d’un organisme d’Etat mais celui d’une instance de médiation indépendante, que la profession a toujours refusé d’instaurer dans le pays.
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