Ai-je envie de passer du temps avec cette personne ? Si ce n’est pas le cas, il y a de fortes chances que ce soit aussi le cas des auditeurs. Il va de soi que les invités doivent être compétents et intéressants. Mais ensuite, tout repose sur une fine sensibilité, que les invités ne doivent surtout pas percevoir. En tant qu’animatrice, je ne cherche pas à interroger mon interlocuteur, mais à avoir une véritable conversation.
Quand une correspondante me confie qu’elle est victime d’insomnies à cause des sirènes, c’est cent fois plus touchant qu’une liste des dernières frappes aériennes. Pour cela, il faut que les invités me fassent confiance, qu’ils se sentent à l’aise et oublient le micro devant eux. Si cela fonctionne, quelque chose de magique se produit : on perçoit leur enthousiasme, leurs doutes, les nuances sont captées. Cela permet d’apporter des subtilités éditoriales impossibles à obtenir dans d’autres formats.
Alice Grosjean est productrice et animatrice des podcasts « NZZ Akzent » et « NZZ Megahertz ».