EditoRialement – 13.12.2018

Bont vent à Edito

J’adore ce métier. Parce qu’il est divers, stimulant, nous met en connexion au monde. Il ne m’a jamais ennuyé en plus de trente ans. Et aussi parce que je le crois utile, et même indispensable à la démocratie. C’est pourquoi, dans ce dernier numéro d’Edito dont je m’occupe, je suis ravi que notre dossier y soit consacré (pages 6-15).

Quand j’ai débuté, dans les années 1980, la question ne se posait pas. Nous informions la population. On pouvait nous détester, on ne mettait pas en cause notre raison d’être. C’est l’un des grands changements de fond de ce nouveau siècle: nous devons maintenant démontrer l’utilité du journalisme. Faire mieux. Aller chercher le public. Ce n’est pas le seul: pour les dinosaures de ma génération, le métier ne ressemble plus guère à celui que nous avons choisi. Nous avions le temps. Dans la presse, nous écrivions un article par jour. Nous étions relativement bien payés. Rien à voir avec les conditions détériorées que montre notre enquête sur les rémunérations des journalistes libres.

Dans ce contexte, je suis souvent frappé par la qualité des productions actuelles. Est-ce dû en partie à la pression accrue sur les journalistes? On ne peut en aucun cas se réjouir que les moyens se réduisent et manquent. Je crois crucial que la profession se batte pour préserver l’information. Cherche elle-même, peut-être à la manière de Heidi.news, des alternatives économiques à la dépendance envers des éditeurs marchands.

Si je quitte Edito, c’est pour de nouvelles activités dans le monde de l’écriture. Ce n’est pas par désamour du journalisme. Ce n’est pas non plus en raison de la réforme du magazine. Il fallait réajuster son fonctionnement avec des moyens réduits par le départ du SSM. J’aimerais rendre hommage aux efforts de son éditeur délégué, Ivo Bachmann, notamment afin de maintenir une édition en français. Le contenu sera désormais identique dans les deux langues, avec une rédaction commune, et la parution sera trimestrielle. Je souhaite longue vie à Edito, qui restera notre principal lieu de réflexion sur le métier et l’évolution des médias. J’espère y contribuer encore à l’occasion.

Pour conclure, revenons sur la démocratie. Les prises de position des partis que nous avons recueillies, du moins ceux de droite, illustrent encore, à mon avis, la difficulté du monde politique à prendre la mesure des problèmes réels. Comme pour le réchauffement climatique ou l’épuisement des ressources naturelles. On fait comme si de rien n’était. J’ai donc un dernier voeu à formuler. Que le journalisme assume encore davantage sa fonction d’alerte. S’écarte de l’agenda politique ou des rails convenus. C’est affirmer sa mission démocratique. C’est son avenir.

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