EditoRialement – 30.08.2018

Comment faire autrement

La rentrée s’annonce chaude, avec le préavis de grève chez Tamedia pour ce lundi 3 septembre. Comme le montre le récit que nous consacrons à la fin du Matin papier, le climat de défiance est tel, et l’éditeur si certain d’avoir raison dans sa stratégie myope de réduction incessante des dépenses, donc des rédactions, qu’on voit comment le conflit pourrait s’apaiser. La grève de juillet était salutaire. Elle a eu le double mérite de souligner publiquement la gravité de la situation dans la presse romande et de montrer la détermination des rédactions du groupe – pas seulement celle qui est directement touchée – à défendre notre métier. Ce n’est évidemment pas facile à vivre. Bravo à nos consoeurs et nos confrères.

Maintenant, sur quoi le bras de fer peut-il déboucher? C’est là que nous nous interrogeons. Même si des concessions sont obtenues du principal éditeur suisse, on sait que ça ne changera pas le fond du problème. Le modèle de financement traditionnel est à l’agonie et rien ne donne à croire qu’il peut se rétablir. Cette crise dépasse les éditeurs, elle est seulement aggravée par leur choix de privilégier le profit immédiat – en raison duquel l’avenir de la presse suisse ne peut guère reposer sur ces éditeurs-là.

Mais alors sur quoi compter? Comment faire autrement pour financer l’information écrite? Peut-on juste prier que des start-ups récupèrent le lectorat des titres qui disparaissent?

Ce qui paraît inquiétant, c’est que sur ce plan-là, rien ne bouge sérieusement. La profession résiste, tant mieux, mais ne se mobilise pas autour de projets alternatifs. La Commission fédérale des médias se contente de scénarios, la nouvelle loi sur les médias électroniques ignore la presse. Les pistes économiques sont connues, autogestion, crowdfunding, mécénat, aide publique, mais qui les explore à fond? Même un projet prometteur comme Fijou, qui permettrait au journalisme de recevoir un soutien public et privé sans craindre de pressions, ne recueille curieusement guère d’adhésions. A défaut, des cantons et villes qui voudraient nous soutenir ne savent pas trop à qui et comment verser cette aide.

Ce qu’à Edito nous voulons explorer, ce sont ces pistes d’un autre avenir. Nous y donnerons la priorité dans nos prochains numéros.

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