EditoRialement – 26.10.2017

Diversifions-nous

Que les médias d’information disent tous la même chose, dans une certaine mesure, c’est inévitable et nécessaire. Les événements importants doivent être rapportés, les faits essentiels n’ont pas à être «alternatifs», pour parler Trump. Mais la tentation du moule, le conformisme collé à l’agenda, le formatage d’un ton, la tendance à se copier les uns les autres pour ne rien faire faux, ne rien rater, tout cela devient plus flagrant et insupportable à l’ère où tout circule et chacun picore au gré du web et des réseaux sociaux.

Clarifions ici le propos, et le choix de notre sujet de dossier: ce n’est pas parce que Tamedia fusionne des rédactions ou des rubriques que l’information s’uniformise. Le phénomène est ancien, la réduction de la diversité des titres n’en est qu’une cause parmi d’autres. C’est simplement l’occasion de se poser la question, et peut-être de chercher de bonnes réponses.

On peut au contraire avoir le sentiment – c’est notre cas – que la presse fait aujourd’hui davantage d’efforts pour varier les traitements de l’actualité ou des changements sociaux. Il manque hélas des études pour l’étayer – même si certaines le font indirectement. Il ne serait pas facile de mesurer un tel phénomène, relève Manuel Puppis, l’expert désormais incontournable dans le paysage médiatique suisse.

C’est pourquoi, dans EDITO (octobre 2017), nous avons tenté une expérience, peut-être trop inédite: faire parler des lecteurs. Qui se sont d’ailleurs montrés reconnaissants de l’occasion ainsi donnée. Nous avons délibérément choisi des consommateurs assidus de l’information, susceptibles d’émettre des avis qui pourraient nous bousculer dans nos certitudes de gardiens d’une déontologie professionnelle. Nous ne leur avons pas mentionné le thème de dossier, et ce sentiment d’uniformité s’est exprimé spontanément. C’est déjà une leçon à ne pas écarter d’un revers de main.

Varier davantage le traitement de l’information: encore un redoutable défi à relever alors que nos moyens diminuent. Ce que suggère Alexandra Stark nous paraît d’une simplicité évidente: il faudrait en faire beaucoup moins, mais mieux. Accentuer la plus-value qui différencie les contenus payants du flot gratuit.

L’automne de la presse annonce-t-il un nouveau printemps, pour reprendre le titre du film documentaire tombant à pic de Frédéric Gonseth? On y voit que le jeune public n’est pas perdu: il est à (re-)conquérir. Sans doute ne sera-t-il pas possible de mettre fin à la gratuité d’une information de base, et peut-être est-ce bien ainsi. Ce qui émerge, c’est la possibilité d’autres voies de financement d’une info de qualité. Et la floraison d’initiatives en Suisse nous donne effectivement ce sentiment d’un printemps du journalisme.

 

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