REFUGIES – 27.10.2015

La photo et les sondages

Partout en Europe, les drames liés à la migration ont déclenché un élan de sympathie dans les médias. Même dans les tabloïds britanniques qui, comme le relevait le 12 septembre dans "Médialogues" Bernard Rappaz, rédacteur en chef de l’actualité TV à la RTS, "s’en prenaient depuis des mois aux migrants et tout d’un coup font surenchère de compassion".

Quel rôle a joué la photo, diffusée le 2 septembre, du petit Aylan Kurdi mort sur une plage turque? "Parfois une image ouvre les yeux. Il y a eu une cristallisation autour de cette image-symbole, mais le mouvement d’opinion est lié à une accumulation d’images."

Autre invité de l’émission, Grégoire Nappey, rédacteur en chef du "Matin", soulignait que son journal "a consacré quatre pages spéciales à des images d’enfants, dix jours avant Aylan; ça n’a pas déclenché la même émotion parce qu’il n’y avait pas de photo d’enfant mort."

L’impact de cette photo peut aussi se mesurer à l’ampleur prises sur Internet par les mises en cause de sa véracité. "Le Monde" en a proposé un décryptage le 10 septembre – le jour où 13 quotidiens européens lançaient un appel à la solidarité. Vérification faite, la photo a bien été prise à six heures du matin par la photographe Nilufer Demir et n’a pas fait l’objet de manipulations.

Par contre, c’est bien sur les réseaux sociaux que sa circulation a pris de l’ampleur avant d’atteindre la presse ou la télévision – comme nous le confirme Darius Rochebin. Difficile pour autant d’en conclure que les médias d’information suivent davantage le vent de l’opinion, tel qu’il souffle sur Internet.

Les sondages publiés cet été n’ont d’ailleurs pas montré un élan dominant de sympathie dans le public, mais plutôt l’existence de deux pôles contrastés d’opinion. En juillet, une étude MIS-Trend publiée dans "L’Hebdo" indiquait que "30 pour cent des Suisses sont disposés à accueillir plus de réfugiés de guerre", tandis que 40,5 pour cent (sic) des personnes interrogées voyaient "l’afflux de migrants en Méditerranée comme une "forme d’invasion".

Le 30 août, une étude de l’Université de Bâle pour "Schweiz am Sonntag" montrait que "60,9 pour cent (resic) des personnes interrogées verraient d’un bon œil que la Suisse endosse un rôle de leader dans l’engagement humanitaire face à la crise actuelle des réfugiés".

En revanche, "44,6 pour cent des Suisses aimeraient fermer les frontières à titre transitoire et deux tiers des personnes interrogées pensent que recevoir trop de réfugiés va faire baisser la prospérité en Suisse".

De quoi alimenter plutôt l’hypothèse d’une "oscillation" des médias entre ces deux pôles d’opinion. A.M

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