EditoRialement – 05.02.2015

Les limites incertaines

Editorial 15/1, février 2015

EDITO est bien sûr en deuil. Ecoeurement, hommage aux victimes, soutien à la rédaction décimée de Charlie Hebdo. Pour EDITO, nous sommes tous Charlie parce qu’il faut défendre la liberté d’expression quoi qu’on pense de l’usage qui en est fait.

Ce qui ne doit pas nous empêcher d’en débattre. Au contraire, un mois après le drame, la réflexion sur ce qui peut déclencher la haine nous paraît indispensable. Elle peut être grossièrement résumée ainsi : dans quelle mesure la liberté d’expression inclut-elle la liberté de blasphémer? Se moquer des religions mais pas des personnes, est-ce une distinction limpide et sensée?

Nous faisons attention aux mots que nous employons en parlant d’Israël, non parce que nous avons des pensées antisémites mais parce que nous savons que certains mots sont piégés, peuvent blesser ou être mal interprétés. Le faisons-nous autant en parlant de l’islam? Charlie Hebdo ne publiait pas n’importe quoi, loin de là. Sa couverture du 14 janvier est à nos yeux magnifiquement mesurée et tendre. Mais Charlie savait que cette couverture-là serait scrutée par le monde entier et que toute caricature du prophète blesse des millions de musulmans.

Est-il légitime de revendiquer le droit au blasphème? La réponse n’est pas simple. Y renoncer serait nous exposer à toutes sortes d’interdits religieux. Refusons bien sûr toute loi contre le blasphème. Mais notre position sera plus solide si en face d’un public sensible nous exerçons notre liberté avec mesure. Par contre, c’est admettre que des dérapages sont possibles. Nous avons aussi à revendiquer et défendre le droit à la tolérance.

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