EditoRialement – 22.02.2018

L’exemplarité de l’ats

La crise à l’ats, c’est le stade ultime de la crise de la presse. Pour certains médias suisses, les dépêches de l’agence représentent près de la moitié des contenus informatifs. Nous avons tous besoin de son sérieux, de sa fiabilité. C’est la sécurité de l’information dans le pays qui est en jeu.

Cette crise nationale a tout de même un double mérite. D’abord, d’avoir donné l’occasion à une mobilisation exemplaire de la rédaction, à laquelle nous nous empressons de rendre hommage. Ensuite, de clarifier encore davantage la nature du problème de fond.

Quand nous disons que le modèle économique de la presse ne fonctionne plus, il ne s’agit pas seulement de la chute de la publicité et de la prévalence de la gratuité sur internet. Il s’agit aussi d’une économie libérale – on devrait peut-être revenir au terme capitaliste – où l’entreprise n’a plus pour seul souci que d’enrichir ses actionnaires. C’est le mérite de Markus Schwab, le CEO de l’ats, d’avoir mis les points sur les i dans un interview à la NZZ: sa seule responsabilité est d’atteindre les objectifs de rendement financier du conseil d’administration.

En réalité, on le voit, les patrons de presse n’existent plus. Inutile d’en appeler encore à leur responsabilité civique. Si les éditeurs disent encore vouloir produire une information de qualité, ce n’est pas parce que c’est de l’information. Ils le diraient aussi s’ils produisaient des machines à laver.

Par conséquent, la presse n’est, pour une part, qu’une victime parmi d’autres de cette économie du profit immédiat et à n’importe quel prix (rédactionnel). Nous n’aimons pas trop, comme journalistes, mettre le système globalement en cause, parce que nous rechignons à adopter des positions considérées comme politiques. Toutefois nous ne pouvons pas ignorer la part de la crise qui lui est imputable. Non pour faire la révolution, mais parce que des solutions sont à chercher (au moins pour une part) dans des formes économiques alternatives. Comme les expérimentent heureusement des nouveaux médias tels que le nouveau-né Republik.

Votre commentaire

Veuillez remplir tous les champs.
Votre adresse e-mail n'est pas publiée.

* = obligatoire

Code de vérification *