EditoRialement – 27.02.2017

L’info, c’est notre affaire

La mort de L’Hebdo nous fait mal. D’autant plus quand on a eu le privilège de participer quelques années à cette belle aventure. Avant tout, il faut rendre hommage à ce qui fut un bijou médiatique, libre, créatif, et à son héritage (lire dans EDITO l’article d’Albertine Bourget).

Sa mort est à l’image de ce qu’il fut souvent: un catalyseur des consciences. Elle a enfin ouvert le débat, au moins en Suisse romande, sur la question d’un financement mixte de la presse. C’est une évidence qui a de la peine à franchir de vieilles réticences: l’information est en partie un bien public, si l’économie privée ne parvient plus à en financer l’écriture, pourquoi exclure des subventions publiques, comme c’est de mise dans le domaine culturel? La plupart des pays européens démocratiques le font déjà. Il n’est pas difficile de mettre en place un système qui garantisse l’indépendance des rédactions, comme à la SSR.

Un autre débat est urgent, celui de l’édition. La plupart de nos journaux appartiennent à des groupes qui ont choisi de se conformer aux règles devenues insensées du libéralisme boursier: rendements élevés, absence d’investissement à long terme. C’est évidemment intenable au moment où il faudrait investir dans la conversion au web.

Il existe des formes alternatives de propriété: le Journal de Morges, racheté par son rédacteur en chef Cédric Jotterand, ou Le Courrier, association à but non lucratif. On en voit les limites – notamment la faiblesse des moyens pour investir. Faut-il des fondations? Un statut spécial de société de média à but non lucratif, comme le propose en France Julia Cagé? Des mécènes ou des investisseurs fortunés, comme Jeff Bezos au Washington Post?

Le temps est peut-être venu que les journalistes eux-mêmes s’emparent de cet enjeu. Qu’ils proposent ou créent eux-mêmes de nouveaux modèles. On en trouve beaucoup à petite échelle, le défi est d’y parvenir pour des médias généralistes rassemblant un large public. Car la menace n’est pas de voir disparaître une information de qualité; elle est de la voir disparaître dans l’espace public commun.

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