Les canaux numériques ont dépassé la TV et la radio en tant que principale source pour s’informer en Suisse, constate l’Université de Zürich dans sa huitième édition des Annales de la Qualité des médias.
En Suisse, les utilisateurs des médias s’informent principalement sur les sites d’actualité (32%) ou les médias sociaux (9%). Les canaux numériques ont ainsi dépassé la TV (30%) et la radio (9%) en tant que principale source, constate la Fög (Forschungsinstitut Öffentlichkeit und Gesellschaft de l’Université de Zurich) dans l’étude Annales 2017 sur la qualité des médias. Cette dernière indique également que le nombre de consommateurs qui recherchent des informations dans la presse écrite atteint 18%, mais ce canal est beaucoup plus important en Suisse que dans plusieurs autres pays européens (généralement moins de 10%).
Les sites d’actualité arrivent en tête de la consommation chez les 18-24 ans (34%), devant les médias sociaux (24%), alors que la TV est distancée (14%). Au final, en Suisse, environ 30% des lecteurs ne consomment plus l’information sur les sites de marques de médias spécifiques.
Parallèlement à cela, ce sont les trois réseaux sociaux appartenant à Facebook et Google qui continuent d’augmenter leur domination. Facebook (35%), WhatsApp (21%, propriété de Facebook) et Youtube (23%, propriété de Google) sont devenus, hors sites de marques de médias spécifiques, les plus importantes plateformes pour les nouvelles. L’étude indique que cette «plateformisation» met le journalisme d’information professionnel sous pression, tant du côté de la qualité que du financement, précisant que Facebook influence négativement la qualité générale de l’offre (partant du principe que le réseau social joue avant tout sur l’émotion, les diffuseurs de médias traditionnels ont tendance à proposer sur Facebook une qualité de contenus inférieure comparée à celle offerte sur leurs propres canaux).
Moins de diversité mais toujours de la qualité
L’institut de recherche Fög note encore que les organisations médiatiques ressemblent toujours plus à des entreprises qui ne fondent plus leur principal marché sur le journalisme, mais dans des activités plus ou moins éloignées. Elle constate qu’en 2016, les trois plus grands éditeurs suisses (Tamedia SA, Ringier SA et SRG SSR) contrôlaient 71% du marché d’utilisation des médias d’information professionnels – écrits ou en ligne – en Suisse alémanique. En Suisse romande et au Tessin, c’est même 88%. Une concentration qui limite à la fois la diversité des diffuseurs de médias et celle des contenus.
Pour les auteurs de l’étude, la plupart des titres offrent toujours une bonne ou très bonne qualité. En tête du classement établi par les Annales 2017, figurent les émissions radio et TV de la SSR. A la 3e place, les journaux du dimanche et magazines, dont l’offre est moins pertinente et diversifiée, mais qui sont comparables en termes de professionnalisme et de mise en perspective. Les offres les plus utilisées émanant des éditeurs Tamedia et Ringier sont elles jugées d’une qualité nettement moindre.
Sylvain Bolt
Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.
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