Saskia Baumgartner est rédactrice aux Schaffhauser Nachrichten.
Avant de passer en télétravail en 2020, je me rendais presque chaque semaine aux chutes du Rhin. Je suis cheffe de rubrique pour la commune de Neuhausen am Rheinfall aux Schaffhauser Nachrichten. De nombreux rendez-vous professionnels se tenaient donc à proximité des chutes d’eau. Je ne prêtais presque plus attention à ce spectacle, tant il m’était devenu familier.
En télétravail, les chutes d’eau se sont mises à me manquer, même si ce n’était pas autant que d’autres aspects du travail au bureau. Que mes collègues, par exemple. Les petites discussions dans le bureau voisin, qui nous permettaient d’échanger des tuyaux sur des sujets à traiter, ou encore les déjeuners rapides au soleil. Les groupes WhatsApp ne permettent pas de vivre de tels moments.
Zoom. Parlons-en. Ce logiciel nous a été utile pour notre travail, certes ; les vidéoconférences présentent des avantages. Pour les entretiens, auparavant, nous n’avions le choix qu’entre un rendez-vous et le téléphone. A présent, nous avons une solution plus personnelle, quand une rencontre physique n’est pas possible ou qu’elle n’est pas absolument nécessaire. Tout compte fait, faire des interviews par appel vidéo, cela fonctionne relativement bien.
Les technologies ont toutefois leurs limites, évidemment. Il est difficile, voire impossible, de réaliser d’autres tâches de notre métier de journaliste par voie électronique ; je pense notamment aux reportages ou aux portraits. Lorsqu’on cherche à cerner quelqu’un qui n’est pas loquace, les appels vidéo ne permettent pas d’apprendre grand-chose sur le personnage. Sauf, par exemple, que notre interlocuteur a une étagère Billy dans son salon.
Pendant longtemps, il n’y a plus eu d’événements. En fait, ils me manquaient plus sur le plan personnel que professionnel et, après tout, j’avais de plus de temps libre le soir. Les journées de travail étaient souvent plus courtes en télétravail. Plus de trajet jusqu’au travail. Fini les trains bondés. Le revers de la médaille : toujours coincée à la maison, et l’agacement provoqué par une mauvaise connexion Internet.
Le télétravail a aussi facilité la garde de mes jumeaux âgés d’un an : entre deux tâches, je pouvais les aider, les consoler ou les cajoler. Tout bien considéré, le plus grand avantage des restrictions des contacts dues au télétravail, c’est que ma famille a été épargnée par le coronavirus.
Entre-temps, l’obligation de télétravail a été levée et j’ai reçu mes deux doses de vaccin. Je suis retournée il y a peu aux chutes du Rhin, sans rendez-vous professionnel. Cette fois-ci, simplement pour en apprécier le spectacle.
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