EditoRialement – 19.04.2018

Tempi passati

La bataille de No Billag est gagnée, la guerre pour la survie de l’information continue. Plus précisément: d’une information large de qualité. Si, dans EDITO 18/2, nous avons choisi de braquer le projecteur sur le journalisme scientifique, c’est d’abord à titre d’exemple, pour ces rubriques spécialisées qui sont les premières à souffrir des restructurations, et pour l’appauvrissement de notre champ de connaissances quand des médias y renoncent – sauf quand les sujets sont spectaculaires et vendeurs. Mais c’est aussi parce que des expériences intéressantes y sont faites en matière de financement de l’information – de higgs.ch à la RTS, en passant par l’ats.

Intéressantes, et non immunes. Même si les contrats affirment en bonne et due forme l’indépendance rédactionnelle, des postes sponsorisés ne seront-il forcément sujets à une forme d’autocensure?

Cela dit, où existe-t-il une parfaite indépendance dans notre métier? Bien sûr, nous devons toujours la chercher et la défendre. Néanmoins ne cherchons-nous pas toujours à plaire – si ce n’est aux bailleurs de fonds, aux lecteurs? D’autant plus quand ils se font moins nombreux?

Quoique… Les premiers signes d’un redressement semblent là. Le nombre d’abonnés en ligne du New York Times a fait un bond de 42% en 2017. Ils sont maintenant deux fois et demi plus nombreux que les abonnés au papier. Dans quelle mesure ce regain de forme est-il dû à Trump? En réaction aux fake news? Ou peut-être résulte-t-il d’une adaptation judicieuse des contenus et des tarifs du journal? Sans doute un mélange de tout ça. Toujours est-il que la tendance est forte, et surtout, comme le relevait l’un des articles de la série en cours du Temps sur le journalisme, de plus en plus de jeunes lecteurs se montrent prêts à payer pour de l’information de qualité.

Une fois n’est pas coutume, rendons hommage à un média. Le numéro spécial du Temps pour ses 20 ans n’a pas manqué d’ambition… et d’intérêt. Nous y avons noté entre autres cette citation d’Eric Hoesli, son premier rédacteur en chef, qui par la suite dirigera les publications romandes d’Edipresse, puis de Tamedia: en 1998, il n’a «jamais ressenti la cupidité que j’ai constatée des années plus tard dans d’autres fonctions. Il n’y a pas de doute que le projet était avant tout civique et éditorial. Tempi passati…»

Que la presse, en quelques décennies, soit devenue un autre monde, le témoignage de notre confrère Pierre Berclaz l’illustre bien dans Carte blanche. Il a fidèlement aimé l’ats pendant 33 ans avant de recevoir ce qu’il appelle sa «claque de fin». Il en est tombé amoureux dès les premiers jours, en 1985, séduit par l’effervescence, par la bonne ambiance de travail. Nombre de journalistes de sa génération se retrouveront sans doute dans cette description…

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