Des partenaires académiques (Universités de Genève, Lausanne et Neuchâtel), publics (SSR) et privés (Ringier) se sont unis pour créer l’Initiative pour l’innovation dans les médias (IMI). Depuis le mois de mars, Mounir Krichane, ingénieur diplômé de l’EPFL ayant travaillé plusieurs années dans les médias, dirige le Centre Média, bras opérationnel de l’Initiative. Interview.
EDITO: Concrètement, à quoi va servir cette initiative ?
MOUNIR KRICHANE: C’est un partenariat académique public-privé. L’idée est de mutualiser des ressources pour collaborer et stimuler l’innovation à travers des projets de recherche dans le monde académique. Les partenaires ont amené une cotisation qui a constitué ce fonds à l’innovation de 650’000 francs annuel, qui va permettre de financer directement ces projets de recherche auprès des Hautes Ecoles. Le but est de créer un vrai partenariat entre le monde des médias et le monde académique. Que des professionnels des médias puissent s’associer avec des chercheurs sur certains des projets, par exemple. C’est ouvert aussi aux industries, aux start-up ou aux investisseurs. Nous voulons faire un maximum de choses pour stimuler ce domaine d’innovation média.
Pourquoi l’interdisciplinarité est-elle une des clés de l’innovation ?
Nous avons créé cette Initiative dans un esprit d’innovation ouverte, dans laquelle ce mélange des genres est commun. Le but est d’être le plus riche possible et de créer de l’innovation comme cela. Plus précisément, nous nous rendons aussi bien compte que les médias ont un clair besoin technologique, mais aussi des aspects sociaux, éthiques, journalistiques et culturels. Outre l’aspect technologique, nous avons donc ce souci de correspondre à ces besoins propres aux médias.
Qu’est-ce que chacun des partenaires va apporter ?
Nous aurons réussi quelque chose quand ces deux mondes se seront rencontrés et collaboreront, même s’il y a déjà des projets qui existent avant cette Initiative. Le but est d’aller ici un peu plus loin en créant une vraie communauté. Les chercheurs sont avides de nouveaux types de données. Donc si les médias peuvent, en plus de leur expertise, partager des données ou des cas concrets, cela peut être bénéfique. Concernant les partenaires académiques, nous nous reposons sur l’excellence des Hautes Ecoles.
«Les médias apportent des challenges»
Les médias apportent des problèmes ou plutôt des challenges et parallèlement, nous avons des gens qui s’y intéressent tout en bénéficiant d’une expertise en amenant un angle nouveau sur ces problèmes. Cela peut être un projet lié à la technologie, mais aussi pour lutter contre la désinformation, développer des algorithmes pour personnaliser les contenus. Nous pouvons aussi avoir besoin de spécialistes qui vont s’intéresser à des questions commerciales, par rapport aux business models pour les médias par exemple, ou la question de savoir comment monnayer les contenus ?
Quand les premiers projets de recherche sont-ils prévus ?
Ils sont prévus pour cet automne. Nous nous organisons actuellement pour pouvoir lancer ces premiers appels à projets.
Les projets seront-ils uniquement suisses ?
Dans un premier temps, oui. Mais l’Initiative ne s’arrête pas à la Suisse, même si le noyau actuel est régional voir national. C’est une Initiative ouverte et l’on pourrait très bien voir des partenaires étrangers se joindre aux forces de l’IMI. Des projets de recherches pourraient également être menés par des universités étrangères. Des projets plus gros, financés en partie par l’IMI, ne sont pas à exclure.
«Nous avons une approche assez pragmatique et pratique, avec l’idée que les projets puissent être directement réutilisés par les médias.»
Quels types de projets seront abordés ?
Nous avons la composante d’interdisciplinarité et celle de partenariat. Mais nous avons aussi une approche assez pragmatique et pratique, avec l’idée que les projets puissent être directement réutilisés par les médias. Cela ne sera donc pas de la recherche fondamentale.
Le groupe Ringier figure parmi les éditeurs partenaires du projet, mais pas Tamedia…
Nous avons approché la plupart des médias pour lancer l’Initiative. Des discussions sont encore un cours avec certains d’entre eux, mais Tamedia n’a pas souhaité rejoindre le projet.
Êtes-vous ouverts à d’autres médias plus petits ?
Complètement. C’est l’idée derrière l’Initiative, nous ne voulons pas de club privé composé uniquement de grands médias. Il faut trouver ensuite l’organisation qui le permette, mais cela peut-être par exemple des petits médias qui s’allient pour le projet et pour financer la cotisation amenée. C’est par exemple ce qui s’est passé pour les universités de Neuchâtel, Lausanne et Genève, qui se sont réunies pour rejoindre l’IMI en tant qu’un seul membre.
Sylvain Bolt
Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.
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